mercredi 5 juin 2013

C'était hier soir au Zénith de Paris, la seconde représentation de la légende SugarMan, alias Sixto Rodriguez.

Découvert dans le documentaire de Malik Bendjelloul, Searching for Sugar Man qui lui aura d'ailleurs valu un Oscar, il était assez dur de résister à la tentation de prendre une place pour voir sur scène cet homme au destin incroyable.
Pour ce qui n'ont pas vu le film, je vous le conseille vivement, il vient de sortir en blu-ray et dvd.

Place en mains et malgré les réactions plutôt négatives du concert de la veille, ma bonne humeur et mon excitation étaient bien là. Sugar Man !
L'attente est longue, la première partie, une jeune californienne dont je n'ai pas réussi à comprendre le nom, sans plus, belle voix, bon jeu à la guitare mais je n'ai pas accroché.

20h30, les lumières s'éteignent à nouveau et arrive sur scène Sixto Rodriguez, enfin. L'homme est vieux, 70ans, fatigué, il est emmené jusqu'au micro par un membre du staff et sa fille (ou sa femme ?).
La première chanson, l'homme se fait plaisir, bouge au rythme mais on sent que la voix n'est plus jeune et que la fatigue se fait bien sentir. Il joue de la guitare mais les mains n'ont plus la vivacité de la jeunesse.
L'homme est aussi aveugle, du moins sa vue a beaucoup baissé puisqu'il demandait souvent au guitariste à côté de lui de l'aide pour boire (du café ? de l'alcool ?) et il tâtonnait quand il s'écartait du micro. Son guitariste est à l'affût, au petit soin et surveille de près ses gestes.


Des petits détails mais si on revient au concert, la voix est fatiguée mais garde ce petit truc qui donne des frissons sur les chansons principales que le public chante avec lui. L'artiste se fait aussi plaisir avec quelques reprises comme "La vie en rose" ou "Unchained Melody", il déclare plusieurs fois son amour, pour Paris, pour le public à qui il répète "You're too sweet".
C'est lorsqu'il "improvise" qu'il se fait le plus plaisir, qu'il se lâche et assure, du mieux qu'il peut, à la guitare.

Fatigué sûrement par les 1h30 de concert de la veille, nous n'aurons droit qu'à une petite heure. L'homme est bien trop fatigué mais on sent qu'il voudrait nous en donner plus, malheureusement l'énergie lui manque. Il n'est pas à son top et on a un peu de peine pour lui mais il est malgré tout présent, devant nous.


A t-on le droit de ressortir déçu de cette soirée ? Oui et non. 

Déçue je l'ai été mais pas contre Sixto Rodriguez, il n'y est pour rien et a fait de son mieux. Il ne faut pas oublier qu'il n'a pas passé sa vie sur les routes, à enchainer les concerts avec de ce fait une habitude pour ce rythme et un staff pour s'occuper de lui, non. Après l'échec de ses albums, l'homme, très modeste, est retourné à son travail dans le bâtiment.
Un type s'intéresse d'un seul coup à sa musique, part à sa recherche et offre au monde entier son histoire digne d'un des meilleurs scénario d'Hollywood et voilà que Sixto Rodriguez est propulsé sur le devant de la scène à 70ans.
L'homme a le sourire quand il est sur scène malgré son état, il sourit tout le temps, fait une blague, s'éclate avec des reprises. Il donne son meilleur et son meilleur on prend et on accepte.

Ce qui est dommage, en plus des réactions négatives de certaines personnes qui s'attendaient à voir un Sixto Rodriguez de 30ans, c'est, forcément le prix des billets, 35 euros pour 1h de concert et surtout le faire au Zénith n'était pas une bonne idée, même si pour ma part j'étais tout devant et j'ai apprécié. Une petite salle, plus intimiste aurait été préférable.
Mais c'est aussi le système, l'univers de la musique où le chanteur n'a pas eu de chance à ses débuts qui est regrettable. 

Au final, quand Sixto Rodriguez était en mesure de monter sur scène et d'offrir un vrai show, il n'était pas connu. Maintenant qu'il l'est, il ne peut plus jouer.

La vie est vraiment mal faite mais j'ai passé un bon moment, eu quelques frissons, des sourires et le plaisir quand même de voir Sugar Man de près.

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